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Le bain durant la Renaissance

28 octobre 2015

Après un Moyen Age placé sous le signe de l’austérité, la Renaissance se veut une période de renouveau. Les artistes de l’époque redécouvrent les arts et la culture antique. Cependant toutes les traditions de l’Antiquité ne sont pas remises au goût du jour. Une exception vient confirmer la règle : la pratique antique de l’hygiène est totalement occultée.  

L’AVENEMENT DE LA TOILETTE SECHE

Dans un précédent article, nous avions abordé l’importance des thermes dans le quotidien des romains. Cependant à la Renaissance, le goût des peuples antiques pour l’eau est vu comme une curiosité. En effet, la Peste et la syphilis laissent les médecins de l’époque perplexes et impuissants. Personne ne sait comment soigner ces épidémies. L’eau devient alors l’objet de toutes les suspicions. Elle est accusée de favoriser les maladies en permettant un meilleur accès aux pores de la peau. En 1655, le médecin du roi Théophraste Renaudot déclare même que « le bain extermine le corps et emplie la tête de vapeurs ». Alors que cette période est le théâtre de grandes découvertes scientifiques, ce n’est pas le cas dans le domaine de l’hygiène. On assiste à un recul de la propreté avec l’avènement de la toilette sèche recommandée par les médecins. Elle consiste à se frictionner avec un linge humide et à désinfecter à l’alcool les parties visibles du corps. Il est également courant de changer plusieurs fois de tenues par jour. Cependant ce genre de privilèges est réservé aux plus aisés. Si l’eau est totalement bannie sur recommandations du corps médical, il s’agit également d’un phénomène de société. Pour les hommes, sentir fort est une preuve de virilité. Henry IV se targuait d’ailleurs de son odeur corporelle prononcée qui, selon lui, séduisait les demoiselles de la Cour. Du côté du bas peuple, les croyances paysannes arguent que la crasse protège la peau des maladies en formant une couche protectrice.  

UNE SOCIETE DES APPARENCES

Comme chacun sait, le Roi et ses sujets ne brillaient pas par leur propreté. La Cour se veut dans l’apparence de la netteté plutôt que dans l’hygiène réelle. Les nobles utilisent nombre de crèmes, poudres et parfums pour masquer les odeurs. Les courtisans adorent le maquillage et les fards, les tenues d’apparat richement décorées, les coiffures excentriques… L’heure est à l’exubérance. Les cosmétiques et autres artifices sont en vogue. On s’arrache à prix d’or les produits venus d’Italie comme la pommade de Florence portée par Catherine de Medicis. Pour la toilette, toute l’attention se focalise sur les parties visibles du corps qui doivent paraitre nettes. On veille à la blancheur de ses vêtements, particulièrement ses manches. Le visage et les mains sont encore parfois lavés à l’eau. Un soin particulier est apporté à l’hygiène dentaire, et les premières brosses à dent font leur apparition. Paradoxalement les bains sont conseillés dans le cadre de cures. Le chirurgien du roi Henri III conseille d’ailleurs à son monarque de se baigner à Dieppe. Il faut attendre la fin 17ème pour que le britannique John Floyer réalise plusieurs essais sur les bienfaits aquatiques. A l’aube de l’époque moderne, l’eau commence à être réhabilitée. Néanmoins au 18ème siècle, Paris dénombre seulement neufs complexes de bains pour 500 000 habitants. Le chemin sera encore long pour faire changer les habitudes…

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